C'est qui Emcy ?


Bienvenue à tous, et merci de me lire 😊


Pourquoi "Emcy" ?

Parce que "Marie-Christine" c'est un peu long à écrire. Et puis parce que ça commence à faire un peu démodé (je trouve). Et puis aussi parce que c'est comme ça que beaucoup de mes collègues m'appellent, juste par les initiales de mon prénom-un-peu-long-à-écrire, et dont je ponctue tous les petits messages que je leur laisse dans les cahiers de bord des différents foyers où je travaille. Alors quand j'ai cherché un nom pour mon blog, "MC" est devenu "Emcy", tout simplement.


Je m'présente, je m'appelle "Emcy"...

Donc Emcy évidemment, c'est moi. Ca vous l'avez compris. Depuis plus de 15 ans maintenant, je suis infirmière et je travaille auprès d'enfants et adolescents qui sont placés en maisons d'enfants pour différentes raisons, le plus souvent sur ordre du Juge pour Enfants. Ces enfants-là, comme je le dis souvent, portent dès leur naissance des valises que nous n'aurons probablement jamais eu à porter à l'heure de notre mort. Ce sont des gamins en grande difficulté, souvent en grande souffrance psychologique, qui parfois ont été déscolarisés, parfois aussi maltraités, et qui ont avant tout besoin de beaucoup d'attention et d'une grande bienveillance à tous les niveaux, leur santé y compris.

Alors oui, je sais : y'en a des qui disent (comme disent les enfants) que je ne suis pas une vraie infirmière. Eh bien sachez qu'ils ont (partiellement) raison. En effet, je ne colle pas vraiment à l'image d'Epinal que l'on se fait classiquement de l'infirmière, puisque je ne fais ni piqûres ni prises de sang. Et j'avoue que ça tombe plutôt bien, parce que pour être tout à fait honnête : les soins purement techniques ce n'est pas vraiment ce que je préfère (c'était même parfois un vrai calvaire pendant ma formation) (souvenir ému d'un horrible stage en néphrologie, que je n'oublierai jamais et que je ne souhaite de vivre à personne). Le déroulement de la formation avait déjà changé et je n'ai pas eu le choix lorsque je me suis inscrite à l'école d'infirmière, mais si j'avais pu choisir (comme c'était encore le cas jusqu'en 1992) je pense que j'aurais opté pour la formation "infirmière psy". Quoi qu'il en soit : je ne dispense peut-être pas de soins techniques aux enfants, mais (n'en déplaise aux pisse-vinaigres) je fais tellement d'autres choses avec eux et pour eux, autour du thème de leur santé et bien plus, que les médisants et les bien-pensants peuvent bien dire ou penser ce qu'il veulent : je m'en moque (voilà, comme ça c'est dit).

Mais pour bien me présenter il faut que je commence par le début. Car je dois vous dire que je n'ai pas toujours été infirmière. Et même si aujourd'hui c'est une évidence absolue pour moi (mais pourquoi diable n'y avais-je pas pensé avant), au départ ce n'était pas du tout une vocation (quoi que... dans l'âme, peut-être). Pas même un rêve d'enfant...

Dans une autre vie, il y a très, très longtemps (oui voilà, au siècle dernier et non, désolée de vous décevoir : il n'y avait déjà plus de dinosaures dans les grottes)... il y a très longtemps donc, j'ai été vendeuse, caissière et secrétaire. Ne me demandez pas pourquoi, je ne le sais toujours pas moi-même. Tout ce que je peux vous dire c'est que ce n'était certainement pas un choix de carrière, plutôt un hasard, en tout cas un moyen de subsister en attendant de trouver mon chemin de vie (au moins sur le plan professionnel).

A l'âge de 18 ans et deux semaines, soit le 15 février 1979 très exactement, j'ai définitivement claqué la porte du domicile familial (oui ben j'étais une vraie rebelle, comme ça vous le savez) pour atterrir dans un minuscule appartement. Sans rien dire à personne, j'ai donc quitté le lycée en plein milieu du deuxième trimestre de ma très épisodique Terminale G1 option "Secrétariat et Techniques Administratives" (seule échappatoire possible quand vous n'aimez pas l'école et que vous êtes une quiche en maths, mais que votre maman chérie exige malgré tout de vous que "passe ton bac d'abord !" et que votre papa, très lointain mais bien présent quand-même, vous met bien la pression à distance). Et donc, au lieu de passer sagement mon bac, il a fallu que je trouve des petits boulots pour gagner ma vie (ce qui à l'époque était quand-même plus facile qu'aujourd'hui).

J'ai donc commencé par vendre des livres en porte-à-porte. Tremblante de frousse, chargée comme un baudet d'un assortiment de livres de démonstration, j'escaladais les étages des immeubles de la ZUP de mon quartier en plein après-midi, et en guise d'entrée en matière je m'adressais aux gens avec un timide sourire : "Euh... Bonjour... Ca vous intéresse pas mes livres, hein monsieur, madame ?" Après deux semaines d'escalade et de transpiration, j'ai assez vite réalisé que j'avais peu de chances de devenir le vendeur de l'année des Editions Trucmuche. Je suis donc allée redéposer (très discrètement) chez l'éditeur les quelques ouvrages qui m'avaient été confiés, et je n'ai même jamais osé leur réclamer le moindre centime d'un salaire pourtant bien mérité (au moins pour le mérite d'avoir essayé), tellement je m'étais sentie nulle et archi nulle dans le rôle de la représentante en collections de livres.

Après cette première expérience, disons assez... humiliante, j'ai été pendant quelques mois caissière en hypermarché. Cela me paraissait déjà un peu plus abordable. Mais je ne savais pas que les mois de juin, juillet, août, et septembre étaient synonymes de beaucoup de monde dans les magasins, et donc aussi de beaucoup de monde aux caisses. Je découvris que tout ce joli monde avait décidé de partir en vacances en même temps, et aussi de revenir tous en même temps pour la rentrée des classes. Croyez-moi : le prix des crayons à mine HB, le code du cahier à spirales en lot de 5 ou le nom des salades ou des légumes plus improbables les uns que les autres n'avaient plus de secret pour moi ! Pour la petite histoire, je vous rappelle qu'à l'époque il n'y avait pas encore de lecteur laser aux caisses. Il fallait donc enregistrer pour chaque article tous les chiffres : ceux du prix (sans oublier la virgule) et ceux du code-article à six chiffres ! Mais la fin du mois de septembre était là, mon contrat à durée déterminée se terminait, et déjà plus de boulot en vue...

Qu'à cela ne tienne : une petite annonce sur la vitrine, une entrée triomphale dans ce magasin de peintures et papiers peints et youpla-tralala, embauchée sur le champ, la classe ! Mouais... Debout toute la journée avec interdiction de s'asseoir (ça n'était pas correct pour accueillir les clients), le droit d'aller faire pipi seulement deux fois par jour (oui c'est à peu près ça : une fois le matin, une fois l'après-midi), tout ça pour voir passer trois clients et demi sur une journée de 8 heures... Bref : j'ai tenu deux mois. De toute façon l'affaire était en train de péricliter, le patron avait déjà dû fermer son autre magasin le mois précédent et les fêtes de fin d'année approchaient, alors autant passer à autre chose.

Deux ou trois mois plus tard, j'avais enfin mon premier vrai travail : secrétaire dans une petite entreprise de chauffage sanitaire plomberie. J'y suis restée environ trois ans. Là je me suis mariée, et après la naissance de mon premier bébé fin 1983 je suis devenue... mère au foyer. Peu ont compris ce choix, mais c'était farouchement le mien et j'ai vécu cette période avec un immense bonheur. Malheureusement, quelques mois après la naissance de mon deuxième bébé et bien à contre-coeur, j'ai dû reprendre un travail salarié pour faire bouillir la marmite familiale.

Et c'est ainsi que début 1987, je découvrais le monde impitoya-a-ble de la Grande Distribution, où je me suis accrochée pendant presque 10 ans à un emploi de secrétaire commerciale. Cela aurait pu durer encore longtemps si je m'y étais résignée... mais je vous jure que j'étais malheureuse comme une pierre et que je m'y ennuyais ferme. Alors un jour, j'en ai eu tellement marre que j'ai donné ma démission. Question de survie psychologique, c'était ça ou ma peau. Là encore, mon entourage n'a pas compris. Mais je m'étais habituée depuis longtemps à être la bizarre de la famille, alors un peu plus ou un peu moins...

Pendant un an je me suis occupée à temps plein de trois enfants de médecins et de l'entretien de leur maison. Dès que j'avais un peu de temps, entre un panier de repassage et la sieste de la plus petite, j'en profitais pour remettre le nez dans mes cours par correspondance. Et c'est comme ça que j'ai passé l'équivalent du baccalauréat (le fameux DAEU, diplôme d'accès aux études universitaires) dont j'ai été très fière. Ne riez pas : à deux fois 18 ans c'était mon premier vrai diplôme, après le brevet (qu'on appelait encore BEPC), que j'avais obtenu en 1976 et mon permis de conduire en 1982. Vous ne vous rendez pas compte, mais j'étais contente de pouvoir enfin faire un pied de nez à mon cher frère, qui jusque-là avait pris la désagréable habitude de me surnommer "Bacmoinzin". 😕

Ensuite j'ai retrouvé un poste de secrétaire. Seulement à mi-temps, mais cette fois dans le secteur social, plus précisément celui de l'enfance handicapée. Je ne le savais pas encore, mais la roue avait enfin commencé à tourner dans le bon sens pour moi.

Cinq années ont encore passé ainsi. Même s'il restait essentiellement administratif, j'aimais beaucoup mon travail auprès de ces enfants pas comme les autres, même si j'ai compris assez vite que je n'avais aucune chance d'évolution de carrière à ce poste. J'étais donc à nouveau en pleine réflexion à propos de mon avenir.

Mais parfois, il arrive que l'Univers vous envoie un ange... En l'occurence une charmante vieille dame, professeure émérite de psychologie à la Faculté de Lille, que j'avais rencontrée lors d'une formation et qui m'avait lancé un jour, comme on lance une bouée à quelqu'un qui se noie : "Et pourquoi est-ce que vous ne reprendriez pas vos études ? Je suis persuadée que vous en êtes capable". Elle ne l'a jamais su (et elle n'est plus là pour que je lui dise), mais en une phrase, cette dame m'avait donné l'élan qui me manquait pour que l'idée commence tout doucement à faire son chemin dans ma tête.

Quelques mois plus tard une copine infirmière m'a fait croire, la vilaine, que c'était facile de devenir infirmière, puisqu'il suffisait de savoir faire une règle de trois. Et moi, la quiche en maths, je l'ai crue sur parole. Toujours est-il que cela m'a confortée encore dans l'idée qu'il fallait que je me bouge si je voulais que ça bouge pour moi. Alors, sans trop y croire, j'ai monté un dossier de demande de congé de formation, j'ai passé le concours d'entrée, et le 7 octobre 2002, à 40 ans et 9 mois : TADAAA ! je suis retournée user mes jeans sur les bancs de l'école et j'ai enfin fait ces sacrées études que je n'avais pas pris le temps de faire jusque-là.

Quelle drôle d'idée, penserez-vous. Je ne vous le fais pas dire. Sacré challenge même. Si j'aurais su j'aurais pas venu ! Mais parfois il vaut mieux ne pas savoir : Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait ! a écrit Mark Twain. J'avoue : j'en ai bavé des ronds de chapeau, j'ai connu des moments très difficiles et j'ai même failli tout laisser tomber au moins deux fois ! Mais je ne regrette rien. J'avais quelque chose à me prouver et je n'avais certainement pas fait tout ce chemin pour abandonner juste avant la ligne d'arrivée. Alors j'ai tenu bon. Je suis venue à bout de ces fichues trois années et j'ai réussi. Et ça, croyez-moi : ça a été une sacrée victoire sur moi-même.

Et me voilà donc "Infirmière en Maisons d'Enfants à Caractère Social" depuis plus de 15 ans. Waouh, quel titre ! Ça en jette, pas vrai ? Tout un programme... et quel programme. Pas évident tous les jours, je vous l'accorde, de travailler auprès de ces enfants abîmés par la vie, qui vous mettent souvent en difficulté. Mais que de joies, de satisfactions et de chouettes souvenirs avec eux, et quel plus beau salaire que le sourire d'un enfant, un dessin qu'il vous offre ou la confiance qu'il vous accorde ? Pour rien au monde je ne voudrais faire un autre métier.

Bon allez, assez parlé de moi : soyez les bienvenus à bord ! Je vous souhaite un agréable voyage et de joyeuses lectures à travers le Petit Blog d'Emcy qui, je l'espère, vous permettra de toucher du doigt tout le bonheur que j'ai à prendre soin au quotidien de ces enfants et adolescents. Et aussi d'autres histoires si ça vous dit. Vous verrez bien.

De tout mon coeur ❤, comme et avec tout ce que je suis...
Emcy 

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