Jeanne
Nous n'étions rien l'une pour l'autre et n'avions aucune raison de nous rencontrer un jour. Mais la Vie a voulu que nos chemins se croisent ce soir de décembre 2014, quelques jours avant Noël. Deux jours après ma grand-mère chérie, tu t'es installée malgré toi dans cette chambre à deux lits, aux murs fades couleur d'ennui, dont les seules touches de contraste étaient les couvre-lits jaune et bleu pâlis par le temps et les rideaux gris-bleu dépareillés de la fenêtre, qui semblaient prolonger jusque dans votre chambre le gris du ciel d'hiver qu'on devinait dehors. Au début, tu étais si triste d'être arrivée là que tu ne disais presque rien. Je te saluais joyeusement en entrant dans cette chambre tristounette, qui était aussi la tienne, et je te donnais du "Madame, vous..." . Souriant juste ce qu'il fallait pour être polie, toujours très discrète, t'excusant presque d'être là lorsque je rendais visite à ma grand-mère,