Le Dernier Chapitre...
Bon, c'est l'heure où les souvenirs se ramènent,
Juste quand le sommeil se met en grève.
Le blues en profite pour s'installer.
(...)
Et on se repasse le film sur un air de romance.
On revoit les débuts, et on connaît la fin...
Oh, ça c'est mon côté pessimiste !
Je préfère penser que c'est une histoire sans fin,
Si ça vous dérange pas trop? Oh pour une fois...
Bon, je laisse tomber le couplet sur l'amour immortel,
Ça ne concerne pas grand monde.
Puis de toute façon :
La mort d'un amour donne la vie à un autre.
Y a déjà moins de soucis à se faire !
(...)
Juste quand le sommeil se met en grève.
Le blues en profite pour s'installer.
(...)
Et on se repasse le film sur un air de romance.
On revoit les débuts, et on connaît la fin...
Oh, ça c'est mon côté pessimiste !
Je préfère penser que c'est une histoire sans fin,
Si ça vous dérange pas trop? Oh pour une fois...
Bon, je laisse tomber le couplet sur l'amour immortel,
Ça ne concerne pas grand monde.
Puis de toute façon :
La mort d'un amour donne la vie à un autre.
Y a déjà moins de soucis à se faire !
(...)
Juste une mise au point
Sur les plus belles images de ma vie,
(...)
Sur les plus belles images de ma vie,
(...)
Juste une mise au point
Pour un petit clin d'œil de survie,
Pour tous les fous, les malades de l'amour,
Pour toutes les victimes du romantisme, comme moi.
Pour un petit clin d'œil de survie,
Pour tous les fous, les malades de l'amour,
Pour toutes les victimes du romantisme, comme moi.
Juste un p'tit clin d'œil, une mise au point...
(Jakie Quartz, Mise au Point, 1990)
La chaleur était toujours aussi étouffante en cette fin d'après-midi de juillet et j'étais bien contente que cette longue journée se termine enfin. La porte de la grille venait de claquer lourdement derrière moi. Décidément, il serait grand temps d'installer un ferme-porte, sinon un jour il y aura des doigts coincés, foi d'infirmière !
Jonathan, petit bonhomme haut comme trois pommes qui jouait dans le parc avec son vélo, s'était précipité à ma poursuite, mais pas assez vite pour me rejoindre avant le "clac !" de la porte. Déçu de ne pas m'avoir rattrapée à temps, il s'accroche aux barreaux et m'interpelle de l'autre côté de la grille :
"Eh, Emcy ! Tu vas où ?"
"Eh bien... je rentre chez moi."
"T'as fini ton travail ?"
Drôle de question, quand j'y repense...
"Oui Jonathan, pour aujourd'hui j'ai fini mon travail."
"Mais tu reviens demain !?"
"Ah non, demain c'est le week-end."
"Ah, ben oui. Mais tu vas reviendre quand, alors ?"
Pas évident quand même, l'emploi du futur proche du troisième groupe, à cet âge-là...
"Pas tout de suite Jonathan, d'abord je vais partir un petit peu en vacances pour me reposer."
"Avec ton mari et tes enfants ? Et vous allez à la mer ? Tu vas aller dans l'eau ? Elle est froide !"
Je me retiens de rire devant son air à la fois très sérieux et trop curieux. Je ne suis pas certaine que ce soit bien le moment de rentrer dans les détails de ma vie privée, alors j'esquive :
"Non, cette fois-ci je vais partir à la montagne pour faire des grandes balades et voir de jolis paysages."
"Ohhh ! Tu as de la chance ! Eh ben moi, je vais partir en camp avec... euh... les autres. J'espère que ça sera bien... et... et aussi qu'y vont pas m'embêter !"
Sa petite trogne de boudeur bien décidé à en découdre avec celui qui oserait tenter quoi que ce soit me donne encore envie de rire.
"Eh bien, je te souhaite de passer de bonnes vacances alors, Jonathan !"
Il est déjà en train de remonter sur son vélo avec un grand sourire :
"Toi aussi bonnes vacances Emcy !"
... et déjà loin dans le parc quand il se retourne pour me crier : "Tu vas nous manquer !"
C'était il y a deux ans. Jonathan ne croyait pas si bien dire.
Depuis j'ai dû glisser dans une faille spatio-temporelle.
Récapitulons...
A cause d'une entorse, puis à cause du confinement, j'avais été absente pendant quatre longs mois début 2020 (voir "Emcy Is Back").
J'ai repris mon travail en juin et retrouvé les enfants avec joie.
J'ai passé des vacances magnifiques à me balader dans les Alpes.
Je n'avais juste pas prévu de faire un burn-out au retour.
Je n'ai jamais revu Jonathan. Ni les autres enfants.
Voilà. Ceux qui sont passés par là me comprendront sans doute.
Pour les autres, ce n'est pas drôle du tout et je ne souhaite ça à personne.
Oh, ça c'est mon côté pessimiste !
Mais...
La mort d'un amour donne la vie à un autre. Y a déjà moins de soucis à se faire !
Alors...
Juste une mise au point, sur les plus belles images de ma vie...
J'ai choisi d'apprendre le métier d'infirmière et de retourner user mes fonds de culottes sur les bancs de l'école à plus de 40 ans, et je l'ai exercé avec plaisir auprès d'enfants placés en MECS pendant plus de quinze ans. Enfin, plus tellement de plaisir à la fin... mais j'ai toujours fait de mon mieux et je n'ai aucun regret.
Les enfants me manquent encore, parfois, mais plus autant qu'au début.
On s'habitue à tout.
Et on se repasse le film sur un air de romance. On revoit les débuts, et on connaît la fin...
C'est vrai que la fin a été un peu sombre : un licenciement pour inaptitude après un épuisement professionnel n'est pas facile à encaisser. C'est injuste et ça vous met un peu le cerveau à l'envers...
Mais il faut voir le bon côté des choses : ces épreuves de la vie m'ont permis de prendre soin de moi (vraiment !) (pour une fois !) et maintenant je vais mieux. De temps en temps je relis mes petites histoires d'infirmière en MECS avec tendresse, et je me dis qu'il s'est quand même passé plein de belles choses pendant ces quinze années. Hé, dites ! J'ai bien fait de les écrire, sinon je les aurais sûrement oubliées et vous n'auriez même pas pu en profiter !
Alors je garde dans mon coeur les meilleurs souvenirs, et je referme ce livre que j'ai tant aimé... en attendant d'en ouvrir un nouveau.
Mais n'espérez pas être débarrassé de moi pour autant ! Car figurez-vous que j'ai plein de nouveaux projets, et à quelques mois de la retraite, croyez-moi : je n'ai pas dit mon dernier mot ! Alors rendez-vous bientôt sur ce blog avec de nouvelles rubriques, certes différentes mais qui, je l'espère, vous plairont tout autant.
Merci à tous de m'avoir accompagnée dans cette aventure. Merci d'être encore là pour la suite. Merci, tout simplement, du fond du coeur. Et n'oubliez pas : la vie est belle ! 💕
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