Emcy Is Back...




« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »

(Le Lion et le Rat, Jean de La Fontaine)



Il fallait bien que ça arrive un jour.

Il commençait même à être grand temps que ça arrive.

Et puis, enfin : c’est arrivé...

Après un arrêt forcé d'un mois qui m’avait déjà bloquée à la maison, avec une jolie botte de compétition pour cause de triple looping arrière non contrôlé entre mon canapé préféré et le bord du tapis (ça m’apprendra à m’asseoir correctement), immédiatement suivi (à peine un week-end de répit plus tard) de 55 jours de confinement, involontaire mais obligatoire (« Nous sommes en guerre ! Restez chez vous ! »), puis encore 21 jours de déconfinement confiné quand-même (les vieux et les fragiles d’abord…) et enfin encore quelques jours de congés à prendre avant qu’ils ne soient définitivement perdus (au point où nous en sommes, je n’étais plus à une semaine près)... Enfin, après une longue, très longue parenthèse de 119 jours, je peux enfin chanter à tue-tête : « Libéréééée, délivrééééée, je ne me confinerai pluuus jamaisssss ! »… En tout cas je l'espère.

Alors ce matin, après 4 longs mois d’absence, me voilà donc repartie sur le chemin de l’école. Enfin je veux dire : sur le chemin du boulot. Un peu d’appréhension, quand-même. Presque comme si c’était mon premier jour chez un nouvel employeur. Il faut dire que la vie d’après, après la vie d’avant, promettait d’être assez particulière : la distance physique à respecter, un masque à porter toute la journée, du gel hydroalcoolique à gogo, plus de bises entre collègues… Et pour les câlins ? Comment on va faire, pour les câlins ? Je me demandais bien comment les enfants allaient réagir.

Et puis…

Devant la porte d’entrée vitrée, sous la pluie, ma clé n’a d’abord pas voulu entrer dans la serrure. Cette serrure est régulièrement grippée, et donc encore aujourd’hui. Peut-être un signe ? Mais au moment où je me faisais intérieurement la réflexion que « Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, mais serrure grippée refroidit son entrain », des voix d’enfants se sont fait entendre...

« Houé, c’est qui elle ? » - « Eh, on dirait qu’c’est Emcy ? » - « Eh, mais ouais, c’est Emcy ! » - « Eh toi ! Appelle l’éduc ! La serrure ! Elle arrive pas à l’ouvrir ! »

En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, ils étaient six, sept, huit de l’autre côté de la vitre, avec des sourires larges comme ça, que je peinais à leur rendre comme je l'aurais voulu, toute camouflée que j'étais de l’autre côté de mon masque.

La porte à peine ouverte, les enfants se sont jetés tous en même temps dans mes bras et j’ai reçu un accueil digne d’une princesse ! Au diable les consignes et la distanciation, vive le contact humain !

« Tu nous as trop manquééé !!! » - C’était looong sans te voiiir !!! » - « Emcyyy ! Enfin t’es revenuuue !!! »

Et puis, très vite : « Eh t’as vu ? J’ai perdu ma dent ! » - « Dis, tu pourras resserrer mes lunettes avec ton mini-tournevis ? » - « Eh ! J’te f’rais dire que j’ai cassé une bague, alors j’espère que c’est bientôt mon rendez-vous chez l’ortho, hein !? » Et tandis que j’essayais à grand-peine de me débarrasser de mon manteau au milieu de toutes ces effusions, j’ai entendu dans mon dos ma petite fan de mangas préférée dire tout bas à sa copine : « Yesss ! Emcy is back ! »

Et après cette longue absence involontaire, dont 55 jours de confinement en tête à tête avec mon chat, croyez-moi : ça fait vraiment du bien !

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Mon Métier d'Infirmière en MECS

Un Mammouth d'Amitié

Un Petit Bonhomme Bien Encombrant...