Confinement.44
Mercredi 29 avril.
Confinement, jour 44 poil aux pattes.
« Allons !
C'en est donc fait... me voilà compromis !
Ils m'ont choisi pour
chef ! - Pourquoi l'ai-je permis ?
Ah ! N'importe ! Avançons. Ma crainte est ridicule.
Ah ! N'importe ! Avançons. Ma crainte est ridicule.
Et sait-on où l'on va, d'ailleurs, quand on
recule ? »
(Victor Hugo,
Cromwell, 1827)
Ce
cher Victor Hugo fut
un incontestable visionnaire, tout
le monde sait ça. Et je parie qu’en
écrivant ces quelques vers,
il y a presque deux
siècles, il
pensait déjà au
discours que ferait notre Doudou hier
après-midi…
Le
pauvre. Je l’ai bien écouté, presque
religieusement,
je n’en ai pas manqué une miette. A essayer d’être clair, tout
en se dépatouillant, pour nous expliquer l’incompréhensible,
visiblement épuisé, mais toujours debout, droit
dans ses bottes. Admiration pour le sang froid. Parce que, sérieux : par moment j'ai bien cru que lui-même ne se croyait plus. Mais
quand j’ai entendu
« On avance en marchant »,
ce que mon petit cerveau
moyen de citoyenne vieillissante a traduit, en gros, par « On ne sait pas trop où
on va, mais on y va les gars ! », ma
petite voix lui a
illico
répondu : « Et sait-on où l’on va, d’ailleurs,
quand on recule ? » Alors je n'sais
pas du tout de quel chapeau elle
a sorti
ça, sûrement de celui
où elle cache ses
vieux souvenirs
de préparation du bac de
français du siècle dernier, mais pour une fois elle
m’a presque fait rire.
Très
honnêtement,
pour rien au monde je ne
voudrais être à la
place de Doudou en
ce moment (ni
à aucun autre
moment d’ailleurs, soyez
tranquille : la politique et moi, on est un peu fâchées).
Mais si je peux me permettre,
sans vouloir jeter la pierre
avec l’eau du bain moussant,
cette histoire de masques, franchement :
quelle mascarade. Comme une
compression artistique de
César du
carnaval de Venise, de
celui de Rio et de
celui de Dunkerque, avec
ses parapluies de toutes les couleuvres…
Ils
ne servaient à rien, et de toutes façons on était tellement emmanchés
qu’on ne saurait même pas les mettre correctement ?
Eh bien, mesdames et messieurs, sachez que les
choses ont changé : désormais
il va falloir les mettre, ces
masques, et presque tout le
temps encore, et même qu’ils
seront carrément obligatoires
dans les transports en commun. Sinon : pan-pan-cul-cul, et
135 écus dans l’escarcelle de
la maréchaussée si tu te fais gauler.
Car oui, qu’on se le dise :
les masques (même les tout pourris que vous allez faire vous-mêmes
dans un vieux slip troué, si
si) « ont
cette vertu extraordinaire »
(ouiii,
comme le jardin de Charles Trenet… ça y est, vous l’avez ?)
et qu’on vient tout juste de découvrir, alléluia, prions mes bien chers frères, je
vous le donne en mille Emile :
ils arrêtent les postillons
et limitent la contamination !
Saperlipopette ! Même sans être infirmière, je crois bien que j'aurais fini un jour par y penser toute seule ! On
nous prend vraiment pour des babaches…
Enfin
bref. Tout ça pour vous raconter mon petit problème avec les
masques. Comme vous le savez
déjà si vous avez lu le « Confinement.23 »
(sinon il n’est pas encore
trop tard pour le faire) :
porter
un
masque est une véritable
torture
pour moi, et pas seulement à cause de la buée épaisse
de ballon de baudruche
agonisant qui se dépose sur
mes lunettes. Pourtant je fais de gros efforts pour
me maîtriser, je vous
assure. Tenez, avant-hier, j’ai encore pris à
la fois la-difficile-décision-de-sortir-de-ma-tanière
(pour ma deuxième
expédition de chasse au caddy depuis
le début du confinement)
et mon-courage-à-deux-mains (sans
reporter l’affaire à demain, haha),
afin de
réitérer
l’expérience précédente d'il y a trois semaines,
à savoir :
faire des courses masquée.
Parce que y’a pas, braves
gens : j’ai
beau être économe, au bout
de trois semaines, les réserves commencent à s’épuiser et il faut bien qu’on
mange, la Poilue et moi. Eh ben, rien que d’y repenser, là,
tout de suite en
vous le disant : j’ai
les mains moites, j’ai
les pieds poites, et j’ai
le coeur qui palpite de
travers. Non, vraiment : porter un
masque, c’est
à la limite de l’insoutenable…
D’ailleurs j’aurais mieux fait de ne pas en mettre du tout, parce
que j’ai bien dû y mettre les mains au moins 293 fois en 18
minutes pour pouvoir respirer correctement entre
deux apnées embuées. Heureusement
que le virus est invisible, sinon c’est les couleurs de tous les
parapluies du carnaval de Dunkerque qui se seraient imprimées sur
mon masque et alors là : bonjour la discrétion de Madame
Incognito dans le magasin !
Alors, pour me
récompenser un peu quand-même, j’ai refait le plein de guimauves
au chocolat. Oui, ben… Tant pis pour les fesses : de toutes
façons, on n’a toujours pas le droit d’aller sur les plages, et
pour cause de coronabidule, mon corps de rêve de cet été est
reporté à la saison 2021. Merci pour votre compréhension.
Allez, courage à
tous... Doudou l’a promis : ça n'devrait plus durer trop
longtemps... 😉
Prenez soin de vous,
et si vous le pouvez : RESTEZ CHEZ VOUS ! 💕
Je vous embrasse et
je vous aime. 😘
Emcy
Comme d'habitude top👍
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