Confinement.14





Lundi 30 mars.
Confinement. Jour 14. Début de la troisième semaine.

Et Henri Salvador chantait : "Charmante soirée, sur la deuxième chaîne ils passaient le même navet..." (Zorro est arrivé, 1965) (ça date pas d'hier) (chacun ses références).

Même sans réveil, j’ouvre désormais les yeux chaque jour à 7h45 avec une régularité sans faille. Sauf le samedi et le dimanche, faut quand-même pas déconner. Je me lève, je ne bouscule strictement personne et je vaque à mes occupations essentielles : petit déjeuner, salle de bains, déjeuner, vaisselle, programme télé de l’après-midi, applaudissements de 20 heures, film du soir… Je pense que je commence à bien le tenir. J’ai la sensation d’avoir obtenu le rôle principal dans un mauvais remake du film Un Jour Sans Fin. Mais je ne dois pas être la seule alors je ne dis trop rien. D’ailleurs ça devrait plutôt s’intituler Un Jour Sans Faim, vu que je n’ai pas franchement envie de festoyer en solo. Point positif, j’ai perdu 2 kg depuis le début du confinement, ce qui ne peut pas me faire de mal au vu de mes réserves excessives en cellules adipeuses. Et dans confinement y’a « finement ». Ceci explique sans doute cela. A moins que ce ne soit à cause de mes guimauves au chocolat. La boîte est vide, plus une seule petite guimauve depuis dimanche dernier. Je pleure.

Il n’y a que Opium pour avoir envie de manger ici... Elle est réglée comme un Choco Suisse cette chatte, ça ne peut plus durer, faut que j'appelle Maurice à la SPA. Sérieux, je ne sais pas comment elle fait pour être toujours affamée sans jamais rien foutre de toute la sainte journée. Passage à l’heure d’été ou pas, à 8 heures comme à 20 heures elle se dirige vers la cuisine et me lance son SOS de chat : « Miaou-ou-ou ! ». Postée droite comme un i à côté de sa gamelle, elle me regarde d'un air d'en avoir deux et j'ai plutôt intérêt à obtempérer : « Hop hop hop, plus vite que ça humaine, j’ai la dalle ! ». Manque plus que le salut militaire avec la patte droite et on aura la preuve que les chats aussi sont en guerre.

Tous les après-midis à la télé, ils passent une pub pour nous obliger à installer une application qui s’appelle « Babbel », genre « Hey les gens ! Profitez du confinement ! Apprenez une langue étrangère ! » (presque aussi énervant que "Comme J'aime", pour vous dire). J’ai d’abord espéré que cela pourrait m’aider enfin à mieux communiquer avec la Poilue. Mais que nenni. Apprenez qu’on trouve sur cette appli toutes les langues du monde entier, y compris à la lettre M le Moldave, le Mongol, et même le Maori et le Malayalam, que je savais même pas que ça existait. Mais j’ai beau retourner mon téléphone dans tous les sens : point de proposition pour le Miaou. Nix. Nada. Aucune. On en restera donc provisoirement aux échanges de base et on se contentera d'un langage corporel approximatif.

Malgré quelques incompréhensions, entre Opium et moi la solidarité s’organise. Ce chat commence à faire preuve de tolérance à mon égard et supporte plus volontiers que je squatte la partie gauche de son canapé. A condition toutefois que je lui laisse le libre accès à la partie droite : hors de question d’allonger mes jambes et de faire comme si j’étais chez moi ! Mais elle a aussi remarqué qu'à force de rester assise, je commence à avoir le cul plat. Alors de temps en temps elle s’étire, quitte le canapé et va vomir dans des endroits improbables, comme derrière les rideaux ou sous le meuble télé. Je suis sûre qu’elle le fait exprès pour me faire faire de l’exercice et c'est très gentil de sa part, mais à force de me contorsionner dans tous les sens je vais finir moi aussi par vomir des boules de poils.

Mercredi dernier, la radio annonçait qu’il y avait un milliard de personnes dans le monde entier, obligées de rester confinées chez elles. Un milliard. Incroyable. Mais vendredi quelqu'un a parlé de deux milliards et demi (je l’écris en toutes lettres parce que c’est plus impressionnant), et hier soir un autre a dit plus de trois milliards. Apparemment c’est comme pour le traitement à la chloroquine, ils n’ont pas l’air d’être tous d’accord. Et pendant ce temps-là, on nous explique que le nombre de personnes touchées par cette saloperie de virus sur la planète explose... Alors je suis peut-être un flan en maths, mais va quand-même falloir m'expliquer comment il fait, le corona-truc-machin-bidule là pour progresser autant et aussi vite, alors qu’il y a de moins en moins de monde dans la rue.

Dans le doute j’ai appelé ma mère. Je lui ai demandé si elle n’aurait pas une explication rationnelle à me donner, parce que ma mère a toujours une explication rationnelle pour tout, et aussi parce que, en général, elle est assez balaise en géopolitique. Du coup, depuis 3 jours elle m’envoie des exercices de maths à faire, avec des fractions, des surfaces à calculer et des moutons à vendre. Paraît qu'elle a trouvé ça dans les « Anales du certificat d’études de 1928 », que mon fils chéri lui avait offert en 2014 (mon grand a toujours eu des idées géniales, surtout en matière de cadeaux de Noël). Je reçois donc désormais chaque matin mon devoir à faire par mail. Le lendemain matin je reçois la correction, accompagnée d’un nouvel exercice que je dois rendre pour le surlendemain. Pour l’instant j’ai eu un « fait des efforts mais peut mieux faire » et un « touche le fond mais creuse encore ». Maman : quand Jean-Mich’ il a dit « Ecole à la maison pour tous », t’as compris quoi... exactement ?

Bon je dois vous laisser : Opium vomit sur le tapis, c'est l'heure de mon cours d'EPS.

Allez, courage à tous... 😉
Prenez soin de vous, et si vous le pouvez : RESTEZ CHEZ VOUS ! 💕
Je vous embrasse et je vous aime. 😘
Emcy


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