Un Cheval, Des... ?




L'année scolaire tire à sa fin, son collège est réquisitionné pour les épreuves du brevet et Jules, un peu désoeuvré, est forcé bien malgré lui de "squatter le foyer" faute d'activités programmées ce matin. Il tourne en rond comme un lion en cage et je vois bien qu'il s'ennuie déjà, alors qu'officiellement les vacances n'ont même pas encore commencé. Eh ben, ça promet...
Pendant que j'essaie tant bien que mal de me concentrer sur des documents médicaux à remplir d'urgence pour ceux qui partent en colo, il rentre et sort sans arrêt du bureau des éducateurs, me repose les mêmes questions auxquelles j'ai déjà répondu un peu plus tôt, repart, revient, me pique, hilare, le crayon que je viens juste de poser, bref : sa façon à lui de me dire "Je m'ennuie, occupe-toi de moi".
Je regarde l'heure : déjà midi vingt, et comme d'habitude je suis en retard. Je sais que le repas est habituellement servi vers midi et demi et j'essaie de détourner son attention :
"Dis-donc Jules, au lieu de tourner en rond là et de m'embêter, t'irais pas mettre la table ? Ça t'occuperait, qu'est-ce que t'en dis ?"
"Ben... j'en dis que c'est pas moi de service !!"
et il se marre.
Grrrrr !!! Tous pareils, toujours en train d'esquiver les corvées ces gamins... Mais alors que j'ouvre la bouche pour lui dire ça tout haut, on entend quelqu'un qui dépose assiettes et couverts sur les tables sans beaucoup de délicatesse.
"Ah ! Bim ! Alors, hein ? Tu vois bien qu'c'est pas moi de service ! Tu manges avec nous Emcy ? Tu viens à ma table ! A côté de moi !"
Je capitule : "D'accord, d'accord. Mais pour l'amour du ciel, fiche-moi la paix juste encore 5 minutes ! Je dois vraiment finir ça, j'en ai pas pour longtemps. Allez hop, du balai !"
Mais à peine à la porte il fait aussitôt demi-tour, se plante devant moi, les deux bras écartés, mains appuyées sur le bureau, et m'annonce plein d'entrain :
"Eh au fait Emcy, tu sais pas quoi ?! J'ai oublié d'te dire un super truc ! Eh ben pendant les vacances, nous : eh ben on va faire du chevaux !"
"Du quoi ?"
"Du chevaux !!!"
"M'enfin Jules... On ne fait pas du chevaux, on fait du cheval !"
 
Il me regarde, perplexe :
"Ben ouais, mais... on sera plusieurs !" 

Ben oui quoi. Logique en fait. Sacré Jules, va !

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