L'Infirmière Ecervelée

"Bonjour Emcy. Votre mission, si vous décidez de l’accepter, sera de procéder aux rappels des vaccinations obligatoires pour les Quatre Fantastiques de l'un de vos lieux d'intervention habituels. Vous avez carte blanche. Comme d’habitude, si vous ou l’un de vos agents étiez capturé ou tué, le Département d’État nierait avoir eu connaissance de vos agissements. Bonne chance. Ce message s'autodétruira dans 5 secondes. 4... 3... 2..." 

Hein ? Quoi ? Quel agent ? Suis toujours toute seule sur ces coups-là, moi !

Bon, super... Quatre gamins à faire vacciner en même temps avant le départ en camp, et pas des plus calmes, je vous assure ! Bien sûr, j'aurais pu le faire moi-même (rien de bien compliqué), mais les enfants sont toujours un peu effrayés quand ils entendent "vaccin" ou "piqûre" et font un tas de manières. Et franchement, là, à quelques brasses de mes très chères vacances, tant espérées et particulièrement méritées cette année (je trouve), je suis un peu sur les rotules et je n'ai plus beaucoup d'énergie pour affronter ces petits chéris, dont les ressources pour trouver une bonne excuse pour se défiler sont tout aussi impressionnantes qu'illimitées :

- L'effrayé : "Ahhh ! Non, pas les piqûres ! J'ai peeeur !" ;

- Le négociateur : "Dis Emcy : on pourrait pas le faire après les vacances ?"

- Le rebelle : "Nan ben moi c'est mort hein ! Pas question, j'le f'rai pas !!!".

Et puis, par expérience, je sais qu'ils sont sensiblement plus raisonnables quand je les emmène chez le médecin traitant pour faire ce genre de trucs. Dont acte.

Alors, la semaine dernière, j'ai courageusement décidé d'accepter la mission que je m'étais auto-confiée et j'ai préparé mon plan d'action :

- envoyer un mail au médecin pour qu'il me prépare les 4 ordonnances (économie d'un aller-retour en voiture) ;

- passer les chercher entre deux conduites chez le dentiste ;

- passer à la pharmacie chercher les vaccins - zut : pas dispos... repasser le lendemain ;

- rentrer au foyer et mettre les vaccins dare-dare dans la chambre froide en attendant le jour J ;

- s'assurer de la présence simultanée de mes Quatre Fantastiques pour la consultation et programmer un rendez-vous chez le médecin par internet ;

- prier tout en croisant les doigts pour que la connexion internet fonctionne aujourd'hui, parce que la ligne de mon bureau est tellement capricieuse que parfois je pense à m'offrir un pigeon voyageur...

- commencer à prévenir Zébulon, Schtroumpf Grognon, Bob l'Eponge et Grincheuse en douceur (et me prendre dans la tronche les réflexions précitées) ;

- tenir bon et ne pas leur laisser le choix : "De toute façon c'est obligatoire !" ... mais promettre une petite surprise pour ceux qui seront très sages (dans la salle d'attente) et très courageux (dans le cabinet médical) ;

- la veille du jour J, leur rappeler leur rendez-vous et me reprendre les mêmes réflexions (mais un peu plus atténuées cette fois, sans doute grâce à la curiosité suscitée par la surprise promise) ;

- le matin-même : penser à préparer les cartes vitales et les surprises ;

- hurler dans le couloir : "Allez les enfants on y vaaaaaaaa !"  et être surprise de voir qu'ils sont fins prêts ;

- revenir dans ton bureau parce que t'as oublié les carnets de santé (c'est malin !) ;

- mettre les Quatre Fantastiques ronchonnants dans la voiture et arriver chez le médecin 10 minutes avant l'heure (exploit !) ;

- faire le point en patientant dans la salle d'attente, voir que t'as bien pensé à tout et... Et merde ! sauf à prendre les vaccins dans le frigo. Babache, va ! ;

- appeler un collègue éduc' au secours pour qu'il te les ramène ventre à terre (pas question de laisser les gamins seuls dans la salle d'attente, mais pas question non plus de faire l'aller-retour avec eux) (heureusement ce n'est pas très loin) ;

- faire passer les enfants un par un dans le cabinet médical, te détendre au fur et à mesure et constater que finalement, comme prévu, tout se passe très bien.

Mes Quatre Fantastiques ont même eu droit par le médecin à un pansement "Garfield" sur le vaccin, à mes félicitations pour leur courage et leur sagesse dans la salle d'attente (relative mais néanmoins acceptable), et du coup aussi à ma surprise : une sucette qui a remporté un franc succès ! Bon d'accord, c'est pas bon pour les dents... mais c'est exceptionnel, et ils n'auront plus de rappel à faire avant leurs 25 ans !

Mission accomplie donc... mais je n'ai pas fini de me faire chambrer par mes collègues pour l'oubli des vaccins, éléments principaux de cette mission périlleuse et délicate ! 

(genre "Emcy, elle part à la guerre sans munitions !" et autres colibets sympathiques que je vous laisse imaginer...).