La Vérité Sort... du Coeur des Enfants







"Je suis jeune, il est vrai... mais aux âmes bien nées, 
"La valeur n'attend point le nombre des années !" 
(Corneille, Le Cid)





Le mercredi midi, il m'arrive régulièrement de partager le repas des enfants. Même si mes pauvres oreilles sont souvent mises à mal (parce que la salle à manger est très mal insonorisée et qu'elle se transforme rapidement en caisse de résonance insupportable quand tout le monde papote joyeusement ensemble), c'est toujours pour moi un moment privilégié qui me permet d'observer les enfants, autrement qu'en individuel dans mon bureau ou pendant un accompagnement médical spécialisé. Leur façon de se servir, de manger, de se tenir à table, de communiquer entre eux est toujours une mine de renseignements qui bien souvent peuvent être mis en lien avec leur santé.

Mais c'est aussi et surtout un moment riche et agréable de partages et d'échanges. Ce mercredi-là, c'est Marius qui insiste pour que je vienne m'installer à sa table, et j'accepte son invitation avec plaisir. C'est un petit bonhomme de 10 ans, parfois un peu triste et renfermé, parfois très colérique, mais toujours câlin et très attachant. On s'installe à une table où se trouvent déjà Marco et Marie et d'emblée, Marius commence à ronchonner à cause du menu invariable du mercredi midi : steak, frites, salade, glace.
Il chipote dans son assiette : "Pfff... rooohhh... mais nooon, j'en ai marre, tous les mercredis c'est toujours des frites et des steaks..."
"Ouais ben te plains pas !" lui répond froidement Marco, qui a le même âge. "Toi au moins, t'as quelque chose à manger dans ton assiette !"


On est fin novembre, les Restos du Coeur viennent de lancer leur nouvelle campagne d'hiver et les enfants semblent avoir été sensibilisés sur le sujet. La conversation se poursuit autour de ce thème et on se met à parler des gens qui sont obligés d'aller chercher à manger aux "Restos" parce qu'ils n'ont plus d'argent. Et tout à coup Marius a une idée :
"Eh ! moi je sais comment il faut faire : les pauvres, eh ben on a qu'à les inviter à manger ici ! Et puis on leur donnerait une assiette plus grande, parce qu'ils ont plusss faim que nous, et parce que ça fait longtemps qu'ils z'ont pas mangé..." 
Il engloutit encore trois-quatre frites, me regarde les yeux brillants de plaisir avec un grand sourire et reprend à mon intention : 
"Et puis comme ça, ils vont pouvoir manger é-qui-li-bre-ment ! C'est pas vrai Emcy ??"

Quand je vous le dis qu'ils ont tout compris, ces petits... 😍

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